Quelle justesse pour le combat des clubs français contre la taxe de 75% ?
2013-11-03 | France
L’application de la taxe de 75% aux clubs de football en France, a remis la lumière sur les particularités du club de football en tant qu’entreprise atypique. En particulier, même si les clubs sont constitués en entreprise, leur modèle économique présente plusieurs divergences avec les sociétés classiques.
En effet, nous pouvons relever plusieurs éléments spécifiques aux clubs de football, n’existant pas dans les entreprises ou les associations classiques. Il s’agit des éléments suivants :
- Une masse salariale très variable. En effet, le gros de la masse salariale est constitué par les joueurs et le staff technique. Or, ceux-ci n’ont qu’un CDD, atteignant au maximum six années. Ainsi, en caricaturant, selon les événements et la volonté des dirigeants, un club peut facilement faire fondre sa masse salariale (transfert de la majorité des joueurs ou non renouvellement des contrats) ou la faire exploser (via une politique de transferts agressive).
- Une disposition partielle de ses salariés. En effet, un club est obligé de laisser ses joueurs salariés, travailler gratuitement pour les sélections nationales. C’est un peu comme si le CNRS en France, réquisitionnait gratuitement les chercheurs d’Alstom ou de Total. In finé, un club fournit un service public, pour lequel, il n’est pas rémunéré.
- Une négociation collective d’une partie du CA. En effet, la majorité des clubs, sont obligés de négocier les droits audiovisuels de manière collective. De même, la redistribution est souvent décidée de pair avec les fédérations locales ou continentales.
- La courte durée de vie de la carrière d’un joueur. En effet, en moyenne, un joueur de football arrête sa carrière à 35 ans. En absence de reconversion, il doit puiser dans son épargne pour faire face à ses dépenses. C’est ainsi que les salaires libellés en année, sont en fait une sorte d’avance sur la rémunération qu’aurait perçu un travailleur normal. Par exemple, un joueur qui perçoit 1 millions d’euros par an durant 10 ans, aura cumulé des revenus de 10 millions d’euros. En répartissant ses revenus sur 40 ans (jusqu’à l’âge de 60 ans), le salaire annuel réel est en effet de 250 000 euros. En comparaison, un acteur de cinéma, peut poursuivre sa carrière jusqu’à 60 ans voire plus, en percevant des revenus quasi-similaires.
En conclusion, l’application du même régime fiscal à des entreprises atypiques comme les clubs de football, peut constituer une forme d’injustice. En particulier, le marché européen du football fait partie des secteurs les plus ouverts à la concurrence. Aussi, les artistes et les sportifs indépendants ne sont pas assujettis à cette taxe vu que ce sont les entreprises qui règlent ces impôts.