Quelles raisons pour l'impopularité de Hollande ?
2013-11-17 | France
François Hollande vient de battre le record d’impopularité d’un Président français, 18 mois après son entrée en fonction. De plus, il affronte désormais la défiance d’une partie de la rue et de la presse. De même, la pression médiatique s’accentue pour l’amener à un large remaniement voire à une dissolution de l’assemblée nationale. D’où la question sur cette situation inédite.
Pour analyser cette situation, nous pouvons revenir aux conditions d’élection de Hollande et de la défaite de Sarkozy. En effet, Hollande a autant été élu que Sarkozy a été battu, l’élection ayant par moment, tourné à un référendum autour du président sortant qui cristallisait le rejet ou la folle adhésion. Aussi, Hollande est essentiellement passé grâce aux voix de l’extrême gauche, de la gauche et du centre de Bayrou. Par ailleurs, un sondage a révélé que 86% des français musulmans ont voté pour Hollande au second tour.
Ces conditions ont probablement largement conditionné la suite des événements. Ainsi, les électeurs motivés essentiellement par la défaite de Sarkozy, se sont rapidement désintéressés de Hollande, une fois cette tâche réussie. Il en est quasiment de même, probablement pour l’électorat musulman, rapidement démobilisé, une fois, le départ de Sarkozy assuré.
Ensuite, au niveau des élections législatives, deux mesures symboliques vont fâcher Hollande avec les sympathisants de Bayrou et de Mélenchon. En effet, le PS a fait perdre ces deux leaders soutiens de Hollande au second tour, en présendant des candidats socialistes dans leurs circonscriptions.
Par la suite, la politique de Hollande a mécontenté sa gauche sans pour autant plaire ni au centre ni à droite. Ainsi, le système de consensus et de compromis, adopté par Hollande, ne semble pas fonctionner au haut niveau de l’Etat, du moins, auprès de l’opinion publique. En effet, les mesures censées plaire à la gauche (taxe 75%, non relèvement de l’âge du départ à la retraite) ou aux écologistes (gaz de schiste, fermeture de centrales nucléaires) horrifient le centre, sans pour autant avoir un impact décisif au niveau de l’électorat populaire. De même, l’austérité budgétaire par à coups, exaspère l’aile gauche sans satisfaire le centre qui voudrait une ligne plus orthodoxe.
Notons aussi, que la droite et le patronat français contrôlent assez largement plusieurs médias (Bouygues avec TF1, Dassault avec le Figaro et l’Express, Arnault avec les Echos et la Tribune, Lagardère influent au niveau de Canal +). Bien entendu, tout en gardant leur professionnalisme, ces médias ne ratent aucune occasion pour égratigner toute erreur ou approximation du président Hollande.
Enfin, la situation économique dégradée n’arrange pas les choses, surtout que les couches défavorisées s’attendaient à des gestes forts des socialistes comme la hausse des minimas sociaux, la relance d’embauche dans la fonction publique ou le blocage des licenciements.