Saga Vivendi : des utilities aux médias
2014-02-25 | France
L’histoire du groupe Vivendi semble faite d’éternels recommencements. En effet, l’ex Générale des Eaux, est en voie d’achever son désendettement et son désengagement de plusieurs activités, pour devenir un groupe spécialisé dans les médias et les contenus. Ainsi, en quasiment deux décennies, Vivendi est passée des Utilities aux médias avec un large détour dans les télécoms.
En effet, la cession potentielle de SFR à Altice/Numericable, fera de Vivendi un groupe spécialisé dans les médias et les contenus. GVT, sera ainsi l’unique bizarrerie du groupe qui sera constitué de Canal+, et d’Universal Music. Ainsi, l’ex Générale des Eaux, aura parcouru un chemin extraordinaire en deux décennies, qui l’ont vu changer de nom et croitre énormément, notamment sous l’ère Messier. Par la suite, une première crise de dette a amené le groupe à se dessaisir progressivement de son activité historique d’Utilities (Veolia), en même temps que de plusieurs actifs internationaux. Une fois, la dette contrôlée, Vivendi est de nouveau repartie dans la croissance avec l’acquisition du brésilien GVT (1,6 Mrds euros), le rachat de la participation de 44% de Vodafone dans SFR (8 Mrds euros) et l’acquisition des activités de musique d’EMI (1,5 Mrds euros).
En résultat des courses, la pression du marché et des actionnaires (dont Bolloré), ont de nouveau amené Vivendi à un nouveau repositionnement stratégique autour des médias et des contenus avec une présence dans les télécoms en France. En effet, les investisseurs ont estimé que la holding s’éparpillait et poussait le marché à appliquer une décote. C’est ainsi, que Vivendi a déjà acté la vente de 88% des parts d’Activision Blizzard pour 8,2 Md$ et la cession de 53% de Maroc Telecom pour 4,2 Md€ (finalisation prévue prochainement). Au même moment, le groupe a procédé à l’acquisition de 20% de Canal+ France pour 1,0 Md€. De même, Vivendi mène de front le projet de scission avec SFR (avant fin juin 2014) Tout en opérant une cure de productivité chez l’opérateur téléphonique. Ainsi, la dette nette de Vivendi a été ramenée de 13,4 Mrds € à 6,9 Mrds €, en incluant le produit de cession de Maroc Telecom. De plus, le produit potentiel de cession de SFR (valorisée entre 17 Mrds € et 19 Mrds €) en cas de cession partielle ou totale à Numericable, pourra annuler complètement la dette.
En conclusion, indépendamment de l’analyse financière et économique de cette mutation, le marché semble avoir apprécié cette stratégie. En effet, le rendement du titre a atteint 67% depuis le 1er mars 2012. De même, sur une année glissante, le titre Vivendi a réalisé une performance de 27,9% contre 18,9% pour le CAC 40.
Rappelons enfin que Vivendi a annoncé pour 2013, un bénéfice net de 1,9 Mrds d’euros, contre 179 millions d’euros en 2012. Ce résultat comprend la plus-value de cession d’Activision Blizzard (4,6 Mrds € de résultat des activités cédées ou en cours), partiellement compensée par la dépréciation de l’écart d’acquisition relatif à SFR (2,9 Mrds €). En effet, le résultat opérationnel de Vivendi n'a été que de 2,4 Mrds d’euros, en baisse de 20,6 % par rapport à 2012, en raison principalement de l’adaptation de SFR à un vif contexte concurrentiel. En particulier, l'EBITA de SFR a été de 1 Mrds d’euros, en recul de 32,9 % par rapport à 2012.