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Le nouveau succès du FN aux élections européennes qui le place en première place des partis politiques en France, pose la question sur un tel bouleversement de l’échiquier politique. Ceci est d’autant plus vrai que plusieurs médias et hommes politiques de gauche et de droite, ont mis les thèmes du FN au centre des débats.

En effet, en politique, la maîtrise du débat culturel et des questions de société, donne à son auteur une primauté en termes de succès électoral. Sur ce point, le FN n’a jamais changé sa trilogie composée de l’Immigration, la Corruption des élites et l’Opposition à la construction européenne. Le génie de cette trilogie est qu’elle permet de tout expliquer. Ainsi, les immigrés sont les responsables du chômage et de l’insécurité. Aussi, leur présence est facilitée par la corruption des élites à la solde des multinationales. De même, la commission de Bruxelles impose les diktats d’austérité au peuple français.

Dans le passé, le succès de cette trilogie ne permettait pas au FN de J-M Le Pen de dépasser les 15% du score, en raison du quasi-boycott médiatique avec une présence limitée au temps de parole légal en période électorale. Ainsi, les débats sur le corpus idéologique du FN, étaient réservés aux adhérents et aux sympathisants, d’où leur portée limitée dans la société française.

C’est ainsi que le virage qui a permis de doper le score du FN est celui du paysage médiatique qui a opéré une double mue. Tout d’abord, les dirigeants du FN, sont invités à tous les débats avec un temps de parole qui commence même à dépasser celui des partis classiques.

Ensuite, quand le FN n’est pas invité, les débats tournent autour de ses thématiques. Ainsi, il est rare qu’une semaine ne passe sans qu’on évoque la question de la compatibilité de l'Islam avec la République, la non intégration des maghrébins voire des africains, le lien entre l'immigration et l'insécurité et le chômage, la délinquance des Roms et la bureaucratie de Bruxelles. Même en football, les thèmes du FN sont repris avec l’association de l’épisode Knysna à la culture des banlieues, ou la critique de la non reprise de la marseillaise par les joueurs. Enfin, avec les chaines d’info continue, n’importe quelle affaire politico-financière est amplifiée et relayée en boucle, accréditant l’image du « Tous pourris ».

En conclusion, la large ouverture des médias envers le FN, couplée à une focalisation du débat public sur les idées frontistes, sont probablement la principale cause de l’envolée des scores du parti. Ceci a été d’autant plus facilité par l’absence de contrepoids, les écologistes ayant soutenu le gouvernement Ayrault et le Front de gauche n’ayant pas la même présence médiatique.