ARTICLE - DETAIL

Malgré son statut de pays industriel, la France a décidé d’ériger de nouveau le tourisme en priorité nationale avec un objectif de 100 millions de touristes pour 2020. A travers cet objectif, la France veut garder son leadership mondial et capitaliser sur la croissance future du marché international du tourisme. Aussi, le tourisme occupe une place de taille dans l’économie française.

En effet, le tourisme est un secteur stratégique pour l’économie française vu qu’il génère deux millions d’emplois directs et indirects et pèse plus de 7% du PIB, avec un excédent net d’une dizaine de milliards d’euros pour la balance des paiements. En particulier, la France est le premier pays touristique au monde en termes d’arrivées avec 83 millions de touristes, devant les Etats-Unis (67 millions), la Chine (58 millions) et l’Espagne (58 millions).

Par ailleurs, en plus des atouts naturels, la France a recensé 38 sites classés au patrimoine mondial de l’Unesco, 45 000 monuments historiques classés ou inscrits et 8 000 musées.

En partant de ces constats et de la croissance attendue du marché mondial du tourisme (+50% ou +525 millions entre 2012 et 2020), la France a décidé d’élaborer un plan en 5 axes et 30 mesures concrètes. Les cinq axes sont (1) Une offre touristique de qualité et diversifiée (2) Un accueil amélioré (3) Le numérique au cœur du tourisme (4) Développer la formation (5) Des vacances largement accessibles.
Pour les mesures, nous pouvons en citer quelques unes, qui synthétisent la feuille de route.

- Constituer cinq pôles d’excellence : gastronomie/œnologie, montagne/sport, écotourisme, tourisme autour des savoir-faire français (artisanat, luxe), tourisme rural/nocturne.

- Promouvoir des destinations-phares à l’international. Il s’agit des villes comme Paris ou des régions comme la Cote d’Azur. En effet, ces destinations/marques permettent de compter dans le marketing mondial et de se frayer une large place dans le paysage touristique.

- Améliorer l’accueil à l’arrivée en France. C’est le cas de l’aéroport de Roissy (desserte via des trains express, programmation matinale des trains et tarifs forfaitaires pour les taxis). De même, le gouvernement compte améliorer l’accueil à la Gare du Nord à Paris, où affluent les touristes qui arrivent par l’Eurostar (Royaume Uni) ou par le Thalys (Benelux et Allemagne).

- Faciliter l’entrée des citoyens des marchés émetteurs cibles. Ainsi, la France compte étendre l’initiative « visas en 48 H » à plusieurs pays.  De même, la France compte proposer à l’Union européenne de nouvelles exemptions de visas Schengen. Enfin, il s’agit de faire mieux connaître le système PARAFE (vérification automatique du passeport pour les citoyens des pays de l’UE).

- Renforcer la sécurité dans les zones touristiques comme la Gare du Nord ou les Champs Elysées à travers un dispositif spécial et renforcé.

- Faciliter le séjour des touristes sur un plan pratique, en encourageant le commerce le dimanche dans les gares et les zones touristiques. De même, la France compte mettre en place un plan de déploiement du wifi gratuit dans les zones à affluence touristique.

- Renforcer la fonctionnalité des hôteliers, en les accompagnant dans la transition numérique pour éviter la forte dépendance des nouveaux sites de réservation. Aussi, pour renforcer les RH, il est prévu de mettre en place à la rentrée 2015 un baccalauréat technologique hôtellerie.

En conclusion, il s'agit de renforcer la marque France et ses sous-marques. Aussi, il est important de prendre en compte la nouvelle donne mondiale avec l'émergence de certains marchés émetteurs comme la Chine ou le Brésil. De même, la France a aussi pris conscience de ses lacunes comme la couverture inexistante de wifi public, la fermeture précoce des magasins ou l'insécurité dans certaines zones touristiques. De même, la connectivité des aéroports et des gares est un point important surtout pour les touristes voulant profiter d'un séjour court.

Pour note part, nous pensons que ce plan quasi-complet a omis deux points relatifs au rapport qualité/prix défavorable par rapport à des pays concurrents comme l'Espagne. De même, en dehors des campings, le tourisme low cost n'est pas stimulé. En effet, une large partie des hôtels est peu entretenue avec un confort spartiate et des tarifs plutôt élevés (90 € par nuitée au minimum dans un 3 étoiles). Cette situation risque d’empirer avec la hausse de la taxe touristique qui atteindra 10 € à Paris. En particulier, en comparaison, les hôtels madrilènes ou de la Costa Del Sol, adoptent un modèle différent avec des chambres larges et des prix abordables (50 € à 70 € pour un confort 4 étoiles).