Sarkozy peut-il redevenir président ?
2014-07-03 | France
Le suspens pour le retour de Nicolas Sarkozy en politique, touche à sa fin depuis l’interview accordée hier par l’ancien président. En effet, ce dernier devrait certainement se présenter pour la présidence de l’UMP avant de se lancer à l’assaut des présidentielles de 2017. D’où la question sur ses chances, pour redevenir président de la république française.
Rappelons tout d’abord que dans l’histoire de la cinquième république, un seul ancien président a tenté de faire son come back, en la personne de Valery Giscard d’Estaing. Ce dernier qui avait perdu en 1981, avait tenté de revenir en 1988 avant de laisser la place à Raymond Barre, mieux placé dans les sondages. Aussi, en 1995, le retour de VGE a été avorté par l’émergence de Balladur qui avait siphonné tous ses soutiens comme Bayrou ou Léotard. Les autres présidents qui n’étaient pas partis sur une défaite, n’ont jamais tenté de revenir, surtout en raison de leur âge avancé.
Signalons aussi, le retour raté de Lionel Jospin en 2007. En effet, l’ancien premier ministre qui avait perdu en 2002, avait annoncé sa retraite politique, avant de tenter progressivement un retour via des tribunes, des participations à des colloques et une mobilisation des soutiens. Toutefois, Jospin avait du renoncer à ses ambitions devant l’instauration des primaires au PS et la montée en flèche de la popularité de Ségolène Royal.
En résumé, le retour en politique française, parait très difficile. Ainsi, théoriquement, les chances de Sarkozy pour 2017 sont plus faibles qu’en 2012 et 2007, pour les raisons suivantes :
- Contrairement à 2007 et 2012, Sarkozy a cette fois plusieurs rivaux déclarés à l’UMP. Il s’agit notamment de Fillon, décidé à en découdre. Aussi, Juppé ne laissera pas passer ses chances et tentera d’imposer un primaire. Ainsi, il sera très difficile pour Sarkozy de passer outre la case des primaires.
- Le timing du retour ne rentre pas dans la stratégie initiale de Sarkozy qui voulait revenir en recours pour l’UMP et pour la France. Or, son retour sera consciemment ou inconsciemment assimilé à une stratégie de défense judiciaire.
- Contrairement à 2007 et 2012, Sarkozy sera poursuivi par des affaires judiciaires, qui pourront brouiller son message politique. Là aussi, les exemples historiques de Fabius (affaire du sang contaminé) ou de Juppé (Mairie de Paris) ont brisé leur rêve présidentiel en 1995 et 2007. En particulier, le temps judiciaire ne reconnait pas le temps politique, ce qui peut créer de fâcheuses coïncidences.
- Cette fois, Sarkozy est débordé à sa droite par Marine Le Pen et à sa gauche par l’UDI. Il sera donc difficile pour Sarkozy de recréer un espace politique pour espérer exister et mener le débat. Clairement, Sarkozy devra lutter contre Marine Le Pen pour espérer passer au second tour de la présidentielle. En effet, au PS si Hollande est très bas dans les sondages, ce sera probablement Valls ou Montebourg qui relèveront le gant pour défendre les chances de la gauche.
- L’anti-sarkozysme n’a pas disparu. En effet, en dehors du cercle des militants actifs de l’UMP, l’ancien président ne semble pas susciter un engouement populaire apparent.
En conclusion, ce sera très difficile pour Sarkozy de réussir là où VGE et Jospin ont échoué.