De nouvelles leçons de risque avec Banco Espirito Santo
2014-08-07 | Portugal
La rétrospective des déboires de Banco Espirito Santo est pleine d'enseignements avec une nouvelle source de risque bancaire matérialisée par la mauvaise santé de ses actionnaires et leur interférence dans la gestion quotidienne. Aussi, cet épisode a été un rappel des dangers de l'imbrication des activités bancaires avec d'autres centres économiques.
En effet, le Portugal s’est trouvé face à un nouveau risque d’effondrement de son système financier suite à la quasi-faillite du groupe Espirito Santo qui a failli entraîner dans son sillage celle de sa filiale, Banco Espirito Santo. Ainsi, le Portugal a été amené rapidement à adopter un plan de sauvetage pour préserver l'existence de la première banque portugaise et éviter une contamination de l'ensemble du secteur financier du Portugal.
En effet, les événements se sont accélérés pour l'un des grands groupes historiques du pays. En effet, Espirito Santo (actionnaire majoritaire de Banco Espirito Santo) a entamé une croissance effrénique diversifiée financée par de la dette. Pour l'anecdote, Espirito Santo avait même des fermes au Panama. De plus, des malversations se sont greffées aux affaires du groupe.
C'est ainsi que les choses vont s'accélérer avec trois entités d’Espirito Santo Grupo qui se sont, tour à tour, retrouvées dans l’incapacité d’honorer leurs dettes entre le 18 juillet et le 23 juillet 2014.
Aussi, le 24 juillet, Ricardo Salgado, le patron du groupe qui a passé plus de 20 ans à la tête de la BES, a été arrêté pour soupçon de fraude, de falsification de documents et de blanchiment d’argent.
Naturellement, ces déboires de la maison mère, ont amené Banco Espirito Santo (BES) à publier une perte semestrielle record de 3,57 Mrds €. De plus, la facture pourrait être plus salée avec la dette garantie du groupe ou les encours de crédit avec les filiales de la maison mère.
De ce fait, le titre Banco Espirito Santo avait été alors suspendu à la Bourse de Lisbonne, après avoir chuté de près de 75 % en une semaine.
Pour freiner cette crise et arrêter l'hémorragie, le Portugal a décidé de scinder la banque en deux entités, afin de permettre de séparer les actifs toxiques des produits sans risque.
La première entité, regroupant les actifs toxiques, restera entre les mains des actuels actionnaires alors que la deuxième entité, rassemblant les produits sans risque sera contrôlée par le Fonds de résolution des banques portugaises. Cette dernière, nommée Nova Banco, sera dotée d’un capital social de 4,9 Mrds € dont 4,4 Mrds seront puisés dans l'enveloppe de 12 Mrds € allouée à la recapitalisation des banques dans le cadre du plan de sauvetage du Portugal. Par ailleurs, 500 M€ seront apportés par le Fonds de résolution des banques.
Pour le reste, les anciens actionnaires de BES supporteront les pertes, faute d'avoir contrôlés les engagements.
En conclusion, ces déboires de Banco Espirito Santo rappelle le danger des banques imbriquées avec des groupes industriels. Ceci est d'autant plus vrai quand ces groupes s'engagent dans une large diversification, profitant du robinet ouvert du cash. Aussi, c'est une nouvelle leçon de gouvernance quand un actionnaire industriel d'une banque s'immisce dans la gestion quotidienne.