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Sarkozy réussira-t-il là ou VGE et Jospin ont échoué ?

2014-09-21 | France

Le suspens pour le retour de Nicolas Sarkozy en politique, a touché à sa fin avec l’officialisation de sa candidature à la présidence de l’UMP, devant servir comme tremplin aux présidentielles de 2017. Toutefois, malgré la forte impopularité de Hollande, le pari n’est pas évident comme le démontre les essais ratés de Valery Giscard D’Estaing ou de Lionel Jospin. D’où l’occasion de revisiter et mettre à jour une analyse que nous avions publié en juillet.

En effet, dans l’histoire de la cinquième république, un seul ancien président a tenté de faire son come back, en la personne de Valery Giscard d’Estaing. Ce dernier qui avait perdu en 1981, avait tenté de revenir en 1988 avant de laisser la place à Raymond Barre, mieux placé dans les sondages. Aussi, en 1995, le retour de VGE a été avorté par l’émergence de Balladur qui avait siphonné tous ses soutiens de l’UDF comme Bayrou ou Léotard.  Les autres présidents qui n’étaient pas partis sur une défaite, n’ont jamais tenté de revenir, surtout en raison de leur âge avancé.

Signalons aussi, le retour raté de Lionel Jospin en 2007, qui avait dirigé la France en tant que premier ministre de cohabitation de 1997 à 2002. En effet, l’ancien premier ministre qui avait perdu en 2002, avait annoncé sa retraite politique, avant de tenter progressivement un retour via des tribunes, des participations à des colloques et une mobilisation des soutiens. Toutefois, Jospin avait du renoncer à ses ambitions devant l’instauration des primaires au PS et la montée en flèche de la popularité de Ségolène Royal ainsi que les embûches semées par un certain François Hollande.

Pour Sarkozy, ce come-back est justement motivé par la volonté de ne pas refaire les mêmes erreurs que VGE ou Jospin. En effet, la présidence de l’UMP servira surtout à éviter les primaires, dont l’issue n’est pas garantie. Aussi, comme pour VGE avec son ancien premier ministre, Raymond Barre, Sarkozy veut mettre Fillon, hors course dès maintenant. De même, pour éviter l’émergence d’une candidature centriste ou fortement appuyée par le centre (Juppé ou Bayrou), Sarkozy, cherchera à siphonner le centre en tenant de fusionner l’UMP avec l’UDI et de débaucher dans le MODEM et même dans les personnalités de centre-gauche.

Toutefois, le défi à relever par Sarkozy sera de taille car théoriquement, ses chances pour 2017 sont plus faibles qu’en 2012 et 2007, pour les raisons suivantes :

- Contrairement à 2007 et 2012, Sarkozy a cette fois plusieurs rivaux déclarés à l’UMP. Il s’agit notamment de Fillon, décidé à en découdre, quitte à faire perdre Sarkozy. Aussi, Juppé ne laissera pas passer sa dernière chance de devenir président et tentera d’imposer une large primaire à droite et au centre. Ainsi, il sera très difficile pour Sarkozy de passer outre la case des primaires, en s’autoproclamant comme candidat naturel de la droite et du centre.

- Le timing du retour ne rentre pas dans la stratégie initiale de Sarkozy qui voulait revenir en recours pour la France. Or, ce retour sera consciemment ou inconsciemment assimilé à une stratégie de retour à la case de départ de la présidence de l’UMP, ce qui constitue plus un enjeu partisan qu’un enjeu national. Aussi, Sarkozy devra tout de même, mener campagne contre Bruno Le Maire qui aura certainement le soutien implicite de Juppé et de Fillon.

- Contrairement à 2007 et 2012, Sarkozy sera poursuivi par des affaires judiciaires, qui pourront brouiller son message politique. Là aussi, les exemples historiques de Fabius (affaire du sang contaminé) ou de Juppé (Mairie de Paris) ont brisé leur rêve présidentiel en 1995 et 2007. En particulier, le temps judiciaire ne reconnait pas le temps politique, ce qui peut créer de fâcheuses coïncidences.

- Cette fois, Sarkozy est plus débordé à sa droite par Marine Le Pen et à sa gauche par le PS version Valls avec une doctrine social-libérale. Il sera donc difficile pour Sarkozy de recréer un espace politique pour espérer exister et mener le débat. Clairement, Sarkozy devra lutter contre Marine Le Pen pour espérer passer au second tour de la présidentielle. En effet, au PS si Hollande est très bas dans les sondages, ce sera probablement Valls ou Montebourg qui relèveront le gant pour défendre les chances de la gauche.

- L’anti-sarkozysme n’a pas complètement disparu en France. En effet, en dehors du cercle des militants actifs de l’UMP et de la droite nationale, l’ancien président ne semble pas susciter un engouement populaire apparent comme le montre plusieurs sondages.

En conclusion, ce sera très difficile pour Sarkozy de réussir là où VGE et Jospin ont échoué. Toutefois, à son avantage, Sarkozy a justement ces deux expériences pour éviter la même mésaventure.