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Consécration du modèle économique allemand ?

2013-09-26 | Europe

La chancelière Angela Merkel a remporté une troisième victoire consécutive aux élections législatives allemandes. Ce résultat illustre probablement la consécration du modèle économique allemand et la consolidation du leadership sur la zone euro.

En effet, l'Allemagne, après avoir absorbé le choc de la « réunification », a mené tout au long de la décennie 2000 une politique de réforme du marché du travail, d'adaptation de ses régimes sociaux et de consolidation de son modèle capitaliste familial. De plus, l’élargissement de l’UE à l’Est a donné à l’Allemagne des opportunités politiques et économiques importantes.

Ainsi, l'Allemagne a renforcé depuis les années 2000 sur un réseau solide, de sociétés familiales. Il s’agit du principe du Mittelstand avec des  sociétés familiales ou encore des entreprises industrielles et des sociétés innovatrices dont les chiffre  d’affaires varient entre 50 000 € à 10 Mrds €. Elles représentent à peu près 80% du PIB allemand.  Le point fort de ces sociétés familiales est que les bénéfices son capitalisés dans l'entreprise lui permettant de conserver un niveau financier solide soutenant l’enchainement des investissements. De même, ces entreprises bien ancrés dans leur territoire, sont en innovation perpétuelle (produits ou procédés).

Au même moment, l'Allemagne a affiché la volonté d'ajuster la compétitivité de ces entreprises face à la mondialisation. Les lois Hartz, mises en place en 2003, ont notamment rendu beaucoup plus flexible le marché de l'emploi  par la simplification des procédures de licenciements, les modérations salariales et les réductions des indemnités de chômage. Ainsi, entre 2000 et 2008, le coût total de la main d'œuvre allemande dans l'industrie n'a augmenté que de 17%.

Par ailleurs, L'Allemagne a également bénéficié à plein de trois grands facteurs de croissance exogènes. Tout d'abord, la croissance démographique atone et l'absence de bulle immobilière ont permis d'orienter l'épargne vers le financement des entreprises plutôt que vers les dépenses d'éducation et de logement. Ensuite, la spécialisation industrielle appréciée à l'international dès 2000, a permis au pays de capter d'emblée la nouvelle demande des pays émergents. Enfin, le secteur bancaire éclaté, fortement concurrentiel, ayant une relation exclusive tissée avec les entreprises régionales, supprimant ainsi l'asymétrie informationnelle prêteur-emprunteur et permettant un coût de la dette très faible pour ses entreprises.

Par ailleurs, l'Allemagne a touché le jackpot avec l'Europe de l'Est. En effet, la baisse du coût de travail à été permise entre autres par le recours direct ou indirect à la main d'œuvre de l'Est. Par ricochet, ces pays étaient un terrain acquis pour l'investissement/export pour les entreprises allemandes. Enfin, à la commission de Bruxelles, ces pays se sont souvent alignés sur les positions allemandes, renforçant le leadership germaniques.

En conclusion, nous pouvons résumer le modèles allemand en (1) des entreprises familiales à ancrage régional (2) un marché de travail flexible privilégiant l'emploi faiblement rémunéré aux indemnités de chômage (3) un espace naturel important matérialisé par l'Europe de l'Est, la chancelière allemande étant un symbole vu ses origines de l'ex RDA (4) un système bancaire aux liens forts avec l'industrie locale.

Toutefois, l’'Allemagne doit relever de nombreux défis. En effet, le pays compte de plus en plus un grand nombre de bas salaires. Surtout, le pays souffre aussi d'une natalité parmi les plus faibles au monde.